Vendue
On voit surtout Carlos Santana comme un joueur de PRS à l’heure actuelle, et il a beaucoup fait pour apporter une reconnaissance mondiale à la petite marque du Maryland. Mais avant ça, il est passé par plusieurs phases guitaristiques, à commencer par des SG (dont la légendaire Special qu’il jouait à Woodstock), une Les Paul Custom qui a été sa préférée à un moment donné, puis il est passé à des guitares plus “modernes” (pour l’époque), comme la Gibson L6S ou sa Yamaha SG2000 du milieu des années 70, pendant sa période mystique, lorsqu’il se faisait appeler Devadip et qu’il s’habillait tout en blanc.
Cette guitare allait donc parfaitement avec ses tenues de l’époque, puisque cette magnifique Les Paul / SG a encore sa finition Polaris White d’origine. 1961 est la première année de production de cette nouvelle forme, et à l’époque cette guitare s’appelait encore la Les Paul, comme en témoigne la petite plaque entre le manche et le micro manche. Celle-ci est une Custom, ce qui veut dire qu’elle a toutes les caractéristiques visuelles d’une Les Paul Custom (binding de la tête et du manche, repère à la première case) et qu’elle est munie de trois humbuckers, en l'occurrence deux PAF et le micro du milieu qui a été fabriqué par le guitar tech de Santana.
Carlos Santana a acheté cette superbe guitare d’occasion en 1974, il l’a faite refretter et a changé les potentiomètres qui datent donc de 1975. Le vibrato sideways avait sans doute déjà été enlevé lorsqu’il en est devenu le propriétaire puisqu’il n’y a pas de zone plus claire à l’endroit où il se trouvait, il a donc été enlevé très tôt dans la vie de cette guitare. Santana a aussi changé l’étui, puisqu’il a eu accès à un étui spécial artiste fait par Gibson dans les années 70, une rareté pour collectionneurs en excellent état avec un très beau visuel paisley.
Il est impossible de dire à coup sûr s’il s’agit de la guitare que l’on entend sur ses singles de l’époque comme “Europa”, “Dance, Sister Dance” et “Let It Shine”, mais certains spectateurs de l’époque se souviennent l’avoir vue entre les mains du maître. Par ailleurs, l’usure est telle que cet instrument a forcément été beaucoup joué, au point que les pièces d’accastillage doré ont tourné au nickel. Carlos s’est finalement séparé de cette guitare en 2005, ce qui prouve qu’il l’appréciait suffisamment pour la garder pendant trente-cinq ans alors qu’il pouvait avoir toutes les guitares d’endorsement qu’il désirait. Une guitare rare qui a été la muse d’un musicien rare.
(1947)
Groupe : Santana
Guitare principale : Gibson SG Special
À écouter absolument : Black Magic Woman
Carlos Santana est l’un des tous derniers guitar heroes de la fin des années 60 encore en activité à l’heure actuelle. Il a commencé sa carrière en tant que protégé de Bill Graham. Ce promoteur qui a fait la légende de la salle de concert Fillmore était aussi un percussionniste et il était particulièrement sensible au mélange de rock, de musique latine et de psychédélisme de San Francisco que l’on entend chez Carlos. Grâce à Graham, le groupe de Carlos, Santana, s’est retrouvé à jouer au festival de Woodstock alors que leur premier album n’était même pas encore sorti. Ce concert historique a fait d’eux des légendes sur les champ. On les voit aussi très bien dans le film Woodstock de 1970, pour leur instrumental Soul Sacrifice. Les phrases brillantes de Carlos sont un superbe mélange de sonorités modales influencées par le jazz et de clichés blues plus classiques, le tout avec un gros son chaud qui deviendra encore plus gros et chaud au fur et à mesure de sa carrière, notamment lorsqu’il est passé sur les premiers amplis Mesa Boogie.
Après une série de singles à succès (“Evil Ways”, “Oye Como Va”, “Black Magic Woman / Gypsy Queen”), le groupe Santana a subi de nombreux changements de musiciens (dont Neal Schon, le futur fondateur de Journey, qui l’a rejoint à la guitare), et Carlos est donc devenu le seul maître à bord. Il a amené sa musique dans une direction plus jazzy, en collaborant par exemple avec John McLaughlin et Alice Coltrane.
Enfin, il a décroché un énorme hit de fin de carrière avec Supernatural en 1999, un album qui mélange ses lignes fluides avec les voix de guest stars qui étaient très à la mode à l’époque de l’enregistrement. Cet album s’est vendu à 30 millions d’exemplaires, il a gagné huit Grammys et a permis à une nouvelle génération de découvrir la musique de Santana.