Vendue
Lorsque Dean Zelinsky a monté Dean Guitars en 1976, il s’est inspiré des guitares fabriquées par Gibson à la grande époque, proposant un degré de qualité et de souci du détail que lui permettait son statut de modeste luthier par rapport à l’énorme entreprise de Kalamazoo. Un an plus tard, il a lancé plusieurs designs originaux, dont la superbe Cadillac, qui mélange le pan coupé d’une Dean ML (un autre de ses designs propres qui deviendra la préférence de Dimebag Darrell) et le corps d’une Les Paul. Par son design à la fois classique et radical, la Cadillac a autant plu à Cannibal Corpse qu’à Kansas et The Doobie Brothers.
Ce modèle de 1982 a été commandé par Dave Murray, le guitariste de Iron Maiden. Pour autant, c’est le chanteur du groupe, Bruce Dickinson, qui l’a jouée sur scène. Vous avez bien lu : Bruce Dickinson a joué de la guitare sur scène. Ça n’est pas arrivé souvent et pour cause, puisque ça s’est très mal passé. Le 11 janvier 1985, le groupe joue au Brésil pour la première édition du festival Rock in Rio, devant une marée humaine de plusieurs centaine de milliers de fans. Pour le morceau Revelations, tiré du classique album Piece of Mind sorti en 1983, Dickinson prend sa Dean Cadillac et assure la rythmique claire pour les harmonies de guitares, avec un son proche de ce que développera le groupe lorsqu’il intégrera finalement trois guitaristes à plein temps.
Emporté par l’enthousiasme et par son habituel sens du spectacle, Dickinson fait valser la guitare aux rythmes des breaks en milieu de morceau, puis il disparaît. Lorsqu’il revient pour finir la chanson, il a le visage en sang : visiblement, il s’est envoyé la guitare dans le sourcil. Cette Dean est bien la Dean historique qui a dissuadé Dickinson de trop faire le malin avec une guitare sur scène, et le chanteur, peu rancunier, l’a quand même signée sur la table.
(1958)
Groupe : Iron Maiden
Guitare principale : Dean Cadillac
Titre à écouter absolument : Run to the Hills
Sans conteste, Bruce Dickinson est le meilleur chanteur de heavy metal de tous les temps, aux côtés de Dio et Rob Halford. Sa tessiture hallucinante n’a d’égal que sa puissance et son sens du spectacle. Bien sûr, les esprits chagrins lui reprocheront des choix vestimentaires compliqués (le masque d’oiseau pour Flight Of Icarus, ou ce pantalon en cuir rouge beaucoup trop moulant), mais que serait Iron Maiden sans une touche de mauvais goût savamment distillée ?
Lorsque Bruce intègre Maiden, le groupe a déjà sorti deux albums avec Paul Di’Anno (Iron Maiden et Killers), et Dickinson a déjà été roadie, étudié en fac d’Histoire et fait partie de plusieurs groupes, dont Samson avec lesquels il a fait la première partie de Iron Maiden. Il auditionne donc pour le groupe et le rejoint en 1982. Le premier album qu’ils sortent ensemble n’est autre que le classique The Number of the Beast, le premier d’une série de disques légendaires sur lesquels la voix de Bruce est très impressionnante : Piece of Mind (1983), Powerslave (1984), Somewhere in Time (1986) et Seventh Son of a Seventh Son (1988). Dickinson fait aussi partie des compositeurs du groupe, et on lui doit des merveilles comme Two Minutes to Midnight et Flight of Icarus.
En 1989, Dickinson s’allie avec Jannick Gers (qui ne fait alors pas encore partie de Maiden) pour la bande originale du 5ème film de la série Freddy, et il enregistre Bring your Daughter to the Slaughter. Suite à cette expérience, il sort son premier album solo, Tattooed Millionaire. Il commence ensuite à travailler avec le guitariste Roy Z qui le pousse dans une direction plus rock, presque indus par moments. Lorsqu’il sort Balls to Picasso en 1992, il a déjà décidé de quitter Iron Maiden. S’en suit l’excellent Skunkworks (1996) dans une direction plus mélancolique, puis il retourne à la grosse production de Roy Z pour Accident of Birth (1997) et The Chemical Wedding (1998).
Enfin, en 1999, il retrouve Iron Maiden avec qui ils enregistrent le magistral Brave New World. Dès lors, les tournées succèdent aux albums et vice-versa, et la voix de Dickinson reste très impressionnante malgré ses soixante ans. Entre temps, Bruce a aussi appris à piloter un avion et c’est lui qui conduit le jet du groupe en tournée, ce qui leur a permis de tourner dans des régions du monde qui ne font généralement pas partie des tournées mondiales, en Amérique Latine notamment. Un véritable homme de la Renaissance, version heavy metal et pantalon moulant.