Vendue
Voici le dernier coup de génie de Leo Fender pour la marque qui porte son nom, la Jaguar. Cette marginale compliquée et charmante à la fois a fini par trouver sa place dans le coeur des vrais geeks de guitare, et celle-ci est bien sûr un des plus beaux exemplaires de cette guitare devenue hautement désirable. Le corps, le manche et le potentiomètres datent tous de 1963, mais le numéro de série sur la plaque du manche, qui commence par un L, indique que ces pièces ont été assemblées en 1964.
En dehors d’un refrettage, cette beauté est entièrement originale, jusqu’à la sourdine où l’on trouve encore de la mousse, et il y a même le cache-chevalet, dont l’intérêt est uniquement esthétique, et que vous enlèverez sans doute si vous voulez pouvoir étouffer les cordes. L’usure est belle, plus vivante et imprévisible que sur la plupart des travaux de relicage. Il y a une très belle égratignure de boucle de ceinture à l’arrière, le logo est en partie effacé et il y a de drôles de traces sur le pan coupé côté aigu.
Ces marques donnent presque l’impression qu’un animal sauvage a mordu avec rage dans cette Jaguar, ce qui aurait fait une bonne histoire à raconter au coin du feu, un musicien ayant sauvé sa vie contre un grizzly à l’aide de cette Jaguar. Mais les vrais geeks savent d’où viennent ces marques caractéristiques : ce sont les traces laissées par le Fender Body-guard. Ce gadget fabriqué par Parker pour Fender dans les années 60 et début 70 était une protection en caoutchouc qui couvrait l’arrière de votre guitare pour la protéger contre les rayures. Mais le problème est qu’elle réagissait mal au contact du vernis, ce qui a donné des traces très bizarres comme celles que l’on voit sur cette Jaguar. Une guitare cool avec une drôle d’histoire : c’est là tout l’intérêt du vintage.