Vendue
En tant que musicien qui a remis la Les Paul burst à la mode, la collection de Slash est évidemment un repère d’instruments de ce genre triés sur le volet pour leur sonorité. Parmi ces outils, une Standard 1958 a toujours eu sa préférence pour les enregistrements en studio, trop précieuse qu’elle est pour être baladée en tournée.
D’ailleurs, jusqu’à récemment, Slash ne savait même pas à quel point 8 3096 (son numéro de série) était précieuse. Il pensait simplement avoir affaire à une burst d’époque, ce qui représente déjà un trésor en soi, mais il s’avère en fait que cette 1958 était présente au NAMM Show de Chicago en Juillet de cette année, et faisant donc partie des deux exemplaires présentés pour introduire la Burst auprès des revendeurs et musiciens. Parmi ces deux exemplaires, la 8 3096 était la seule à avoir une table en érable deux parties avec séparation centrale. À ce titre, elle est la première Burst de production avec les caractéristiques qui deviendront indissociables de ce modèle de légende.
Cette “première Standard” a fait l’objet d’une reproduction la plus scrupuleuse possible par le Custom Shop de Gibson en 2017, et au sein de cette édition très limitée seulement 50 d’entre elles ont été vieillies et signées par le virtuose des Guns. Celle-ci est le numéro 49, l’avant-dernière donc ! L’usure artificielle y atteint des sommets de réalisme, en particulier avec le très beau relicage de la plaque de protection et les traces d’utilisation intensive sur les boutons de tonalité. Et le point que seuls les grands malades remarqueront : il y a cinq mécaniques Kluson à simple bande et une Kluson à double bande. Ça s’appelle le souci du détail, la garantie que tous les efforts ont été faits pour approcher l’originale au plus près.
(1965)
Groupe : Guns N’ Roses
Guitare principale : Gibson Les Paul Standard 1959 Kris Derrig
Titre à écouter absolument : Welcome To The Jungle
Sans Slash, il y a fort à parier que la Les Paul ne serait plus qu’une relique du passé qui n’intéresserait que les fans extrémistes de Clapton. Pourtant, à la seule force de ses riffs légendaires et de son grain mouillé et séduisant, ce guitar hero ultime a remis le sunburst au goût du jour et en a même fait une marque de fabrique, au même titre que son chapeau haut de forme et ses longs cheveux bouclés.
Saul Hudson (son vrai nom) était un pur produit des années 80, au point qu’il a même auditionné pour les rois du glam Poison, mais il est parvenu à faire une belle métamorphose en rejoignant Hollywood Rose, le groupe qui allait devenir Guns n’ Roses. Lui et le chanteur Axl Rose se sont réinventés en bad boys, en dandies junky et en rockers post-glam, redonnant du sang neuf au modèle du duo dangereux que forment un chanteur et son guitariste lead, sur le modèle de Steven Tyler et Joe Perry. Avec le rythmicien Izzy Stradlin, Slash créé un mur de guitares qui devient la bande originale de la fin des années 80 avec l’énorme album Appetite For Destruction (1987), sur lequel on trouve autant de riffs inoubliables que de titres, entre Welcome To The Jungle, Nightrain, Mr Brownstone et bien d’autres. L’album suivant, Use Your Illusion (1991), confirme le statut de colosse mondial du groupe qui s’embarque pour deux ans de tournée non-stop. Slash est au sommet de sa gloire, et tous les ados de l’époque veulent une Les Paul pour apprendre à jouer l’intro de Sweet Child O’ Mine.
Lassé des tensions internes, Slash quitte finalement le groupe en 1996 pour se consacrer à son projet solo, le très bluesy Slash’s Snakepit. Il est aussi invité sur de nombreux albums d’autres artistes, de Michael Jackson à Bob Dylan en passant par Lenny Kravitz. En 2002, il fonde Velvet Revolver en compagnie des ex-Guns Duff McKagan et Matt Sorum. Mais la malédiction du chanteur poursuit Slash dans ce groupe et il se voit obligé de virer Scott Weiland en 2008 suite à ses envahissants problèmes de came. En 2010, le chevelu fait enfin ce qu’on attendait de lui et sort un album sous son propre nom, un solo assumé sur lequel tous ses amis chanteurs viennent prêter main forte. Parmi eux, c’est Myles Kennedy qui deviendra le chanteur pour les albums solo suivants.
Enfin, en 2016, Slash retourne au sein de Guns n’ Roses pour une tournée mémorable à guichets fermés. Le groupe joue comme si sa vie en dépendait, les concerts sont longs et passionnants, et Slash a définitivement accédé au statut de dieu vivant. Et ses Les Paul signature se vendent mieux que jamais.