Vendue
La SG doit tout à Angus Young. À lui seul, le génial soliste d’AC/DC a fait passer cette superbe création de Gibson du statut de curiosité psychédélique à celle de référence convoitée par les rockeurs et bluesmen les plus exigeants. Il faut dire qu’en plus de quarante ans sur scène, Angus ne s’est jamais affiché avec un autre modèle et a continué de défendre sa maîtresse à deux cutaways jusque dans les années 80, époque où l’idée de se présenter avec une Gibson vous classait immédiatement comme has been.
L’histoire a évidemment fini par lui donner raison, et Gibson a depuis remercié cette fidélité à travers plusieurs guitares portant la signature du diable australien. La première SG Angus Young sortie en 2000 reprend le look au vibrato lyre du modèle qu’il utilisait lors des débuts du groupe, tandis qu’un deuxième modèle, sorti en 2009, est plus en adéquation avec les guitares utilisées sur les scènes des stades du monde entier par le guitar hero. Ce deuxième modèle se décline en deux versions : la made in the USA qui ressemble à une reissue 61 légèrement modifiée, et la Custom Shop VOS, dont les caractéristiques sont bien plus spécifiques.
Ce modèle se présente dans un très beau cherry sombre propre aux guitares d’Angus, et reproduit à la lettre l’instrument qu’il a entre les mains pour les sessions photo de Black Ice, une SG 68 modifiée par le luthier britannique Jaydee et qui a vécu de nombreux concerts et enregistrements aux côtés de Young. Les mécaniques ont été changées pour des Schaller, la touche a été changée pour de l’ébène aux repères éclair et le contour du micro aigu témoigne de nombreuses autres modifications qui ne sont plus visibles. Tous ces détails se retrouvent bien sur les 200 VOS qui ont été fabriquées, jusqu’aux boutons witch hat dont les contrôles de tonalité ont été déconnectés.
Les micros Seymour Duncan Pearly Gates assurent le crunch vintage, tandis que le manche ultra fin et le poids plume feront le bonheur des plus petits gabarits, ce poids ultra réduit permettant à Angus de faire une douzaine de kilomètres sur scène à chaque concert à plus de soixante ans.
(1955)
Groupe : AC/DC
Guitare principale : Gibson SG 1968
Titre à écouter absolument : The Jack
À l’exception des Stones, peu de groupes d’envergure peuvent se vanter d’avoir eu la longévité d’AC/DC. Depuis 1973, les sales gosses de Sydney font le même rock binaire bluesy et énergique, comme une version survitaminée de John Lee Hooker les doigts dans la prise. Le groupe a même survécu à la mort de son chanteur emblématique Bon Scott, remplacé en 1980 par Brian Johnson, qui a finalement quitté le navire en 2016. Même Malcolm Young, le rythmicien et fondateur du quintet, a été contraint d’abandonner son poste en 2014 pour des raisons de santé.
Tout au long de la carrière du groupe, un seul membre est resté constant, et il s’agit bien sûr du petit frère de Malcolm, Angus, qui n’avait que six-sept ans lorsque le groupe a commencé. Entre temps, le petit écolier a traversé les plus grandes scènes du monde entier sans jamais trahir la cause AC/DC : pas d’album solo, pas de featuring chez un autre. Si l’on aime Angus Young, on ne l’entendra que sur la vingtaine d’albums du groupe, dont le style est indissociable de celui du soliste, qui marrie à la perfection les bends blues d’un B.B. King, la science des double stops d’un Chuck Berry ainsi que le vibré ultra expressif d’un Paul Kossoff.
De l’aveu de tous les musiciens qui l’ont côtoyé, Angus en est arrivé à cette synthèse parfaite à force d’une éthique de travail acharnée et quasi-obsessionnelle. Il ne fait pas la fête avec ses collègues, mais boit du thé et retourne dès que possible dans sa chambre d’hôtel pour continuer à s’entraîner en enchaînant les clopes. Son choix d’instrument relève du même fort caractère, puisqu’il n’a jamais joué sur autre chose qu’une SG. Dès les débuts du groupe, le modèle à deux cutaways de Gibson a toujours été son modèle emblématique, sous un nombre limité de formes différentes : cherry red, noire, avec un sans vibrola, avec ou sans repères en éclair. Près d’un demi siècle à jouer les mêmes notes dans le même groupe sur les mêmes guitares, l’acharnement d’Angus force le respect.