Vendue
En 2011, à la recherche de nouvelles aventures musicales à côté de sa discographie solo, Joe Bonamassa joue le sideman de luxe pour le septième album de la chanteuse californienne Beth Hart. Il faut dire que Don’t Explain, l’album en question, est produit par Kevin Shirley, qui n’est autre que l’homme derrière les meilleurs albums de Bonamassa. Sur ce bel opus, le bluesman se met au service de la chanteuse avec une finesse et un sens de la nuance qu’on ne lui connaissait pas.
Séduit par l’expérience, Joe a accepté de monter sur scène avec Hart pour une courte tournée européenne. Dans la grande tradition des sidemen qui n’ont pas leur nom sur l’affiche mais qui veulent se faire remarquer quand même, il lui faut donc une guitare adaptée à l’occasion, et le collectionneur compulsif passe commande au Custom Shop de Gibson en 2012. Sur une base de R9, la réédition de la Burst 59, Bonamassa a choisi les bois utilisés avec soin et a demandé à ce que la touche porte son nom dans un lettrage stylisé. Il s’agit de la première Gibson a porter ce signe distinctif, avant que la Bonabyrd ou la Blackburst ne soient décorées de la même façon. Par un souci de cohérence avec une des Burst qui a servi lors de l’enregistrement, les micros sont des Seymour Duncan copiés sur les PAF de la fameuse Skinner Burst.
À en juger par les traces de coups de médiator, cette Les Paul a dû plaire à Joe qui l’a copieusement jouée sur scène. Distinction suprême, on la retrouve même sur la pochette du DVD Live In Amsterdam avec Beth Hart sorti en 2014, et elle est en bonne place au sein des instruments utilisés pour ce soir-là. Lorsque l’on connaît l’arsenal de Bonamassa, il fallait qu’une guitare soit vraiment spéciale pour qu’elle soit ainsi mise en valeur.
(1977)
Guitare principale : Gibson Les Paul Standard 1959
Titre à écouter absolument : Sloe Gin
Pas facile de s’inventer comme artiste adulte lorsqu’on a été un enfant prodige. Joe a été l’élève de Danny Gatton et le protégé de B.B. King alors qu’il n’était même pas encore en âge de conduire une voiture, et tournait avec le groupe Bloodline (avec d’autres enfants prodiges fils de stars comme Miles Davis ou Robby Krieger) avant de pouvoir voter. Mais tout aurait pu s’arrêter aussi sec, et d’ailleurs les autres membres de Bloodline ont tous disparu dans l’éther du show business. Mais Bonamassa a toujours eu une éthique de travail imparable, et à force de tourner il a fini par imposer son propre son et sa discographie solo.
Tout commence en 2000 avec A New Day Yesterday, un disque de blues tout à fait honnête sur lequel des invités comme Leslie West, Greg Allman et Rick Derringer viennent adouber le jeune musicien. À l’époque, Bonamassa joue sur Strat et Tele et l’influence de Stevie Ray Vaughan est encore audible dans beaucoup de ses phrases. Puis, petit à petit, il trouve sa propre voie lorsqu’il passe sur Les Paul et qu’il combine ses Marshall Silver Jubilee à quelques autres têtes boutique pour un résultat aussi bluesy que gras et organique. C’est aussi l’époque où le producteur Kevin Shirley commence à collaborer avec Bonamassa, une collaboration qui commence avec You & Me (2006) et continue à ce jour. Sloe Gin (2007) et Ballad Of John Henry (2009) sont autant de cartons qui installent la réputation de Joe comme le sauveur du blues, l’avenir d’un style que l’on croyait réservé aux baby boomers à l’aube de la retraite.
Depuis Bonamassa, n’a pas ralenti son rythme de tournée, et redouble d’inventivité pour varier ses spectacles, qu’il s’agisse d’un concert hommage à Muddy Waters et Holwin’ Wolf, d’une tournée hommage aux trois Kings du blues ou au British Blues Boom. Il joue aussi sur les albums de la chanteuse Beth Hart ainsi qu’avec les groupes Black Country Communion (aux côtés du bassiste chanteur Glenn Hughes) et Rock Candy Funk Party. En parallèle, la collectionnite aiguë de celui qui est né dans la guitare (son père tient un magasin) n’a fait que s’aggraver au point qu’il possède une dizaine de bursts, deux V Korina et un nombre ahurissant d’instruments rares. Pour autant, ces guitares ne sont pas stockées à l’abri puisqu’elles partent sur la route avec Joe. Après tout, elles ont été fabriquées pour ça.