Vendue
Lorsque Gibson a monté son Custom Shop dans le creux de la vague des années 80, l’objectif de la marque était de redorer son blason en rappelant ses heures de gloire aux aficionados. Ainsi, parmi les premières rééditions, on trouve l’Explorer 58 dans toute sa splendeur, avec la caractéristique essentielle qui fait des originales des instruments particulièrement recherchés : un corps en korina, bois immédiatement reconnaissable tant par sa teinte que par son grain. Il n’y a eu qu’une centaine d’exemplaires korina fabriqués au cours de l’année 1983, et ils sont devenus des guitares dont les spécialistes s’accordent à dire qu’elles font partie des grands numéros de chez Gibson.
Parmi cette centaine, l’une d’entre elles est arrivée dans la collection de Joe Bonamassa, qui a ensuite joué cette beauté à plaque noire (un bon moyen de la reconnaître sur les photos ou vidéos) sur scène dans le monde entier. Elle a tellement été utilisée qu’il a fallu la refretter, et le maestro a remplacé les micros originaux par ses modèles signature Seymour Duncan. Rien qu’à vide, cette superbe Explorer a une résonance particulièrement riche et claquante. Une fois branchée, le claquant s’allie à l’épaisseur des micros pour donner un son blues rock idéal. Même si peu d’entre nous auront la possibilité de la comparer à une vraie 58 qui coûtera le prix d’une très belle maison, on peut affirmer sans aucun doute que cette 83 korina est une des meilleures Explorer “récentes” qui soit.
(1977)
Guitare principale : Gibson Les Paul Standard 1959
Titre à écouter absolument : Sloe Gin
Pas facile de s’inventer comme artiste adulte lorsqu’on a été un enfant prodige. Joe a été l’élève de Danny Gatton et le protégé de B.B. King alors qu’il n’était même pas encore en âge de conduire une voiture, et tournait avec le groupe Bloodline (avec d’autres enfants prodiges fils de stars comme Miles Davis ou Robby Krieger) avant de pouvoir voter. Mais tout aurait pu s’arrêter aussi sec, et d’ailleurs les autres membres de Bloodline ont tous disparu dans l’éther du show business. Mais Bonamassa a toujours eu une éthique de travail imparable, et à force de tourner il a fini par imposer son propre son et sa discographie solo.
Tout commence en 2000 avec A New Day Yesterday, un disque de blues tout à fait honnête sur lequel des invités comme Leslie West, Greg Allman et Rick Derringer viennent adouber le jeune musicien. À l’époque, Bonamassa joue sur Strat et Tele et l’influence de Stevie Ray Vaughan est encore audible dans beaucoup de ses phrases. Puis, petit à petit, il trouve sa propre voie lorsqu’il passe sur Les Paul et qu’il combine ses Marshall Silver Jubilee à quelques autres têtes boutique pour un résultat aussi bluesy que gras et organique. C’est aussi l’époque où le producteur Kevin Shirley commence à collaborer avec Bonamassa, une collaboration qui commence avec You & Me (2006) et continue à ce jour. Sloe Gin (2007) et Ballad Of John Henry (2009) sont autant de cartons qui installent la réputation de Joe comme le sauveur du blues, l’avenir d’un style que l’on croyait réservé aux baby boomers à l’aube de la retraite.
Depuis Bonamassa, n’a pas ralenti son rythme de tournée, et redouble d’inventivité pour varier ses spectacles, qu’il s’agisse d’un concert hommage à Muddy Waters et Holwin’ Wolf, d’une tournée hommage aux trois Kings du blues ou au British Blues Boom. Il joue aussi sur les albums de la chanteuse Beth Hart ainsi qu’avec les groupes Black Country Communion (aux côtés du bassiste chanteur Glenn Hughes) et Rock Candy Funk Party. En parallèle, la collectionnite aiguë de celui qui est né dans la guitare (son père tient un magasin) n’a fait que s’aggraver au point qu’il possède une dizaine de bursts, deux V Korina et un nombre ahurissant d’instruments rares. Pour autant, ces guitares ne sont pas stockées à l’abri puisqu’elles partent sur la route avec Joe. Après tout, elles ont été fabriquées pour ça.