Vendue
On ne peut pas dire que le marché soit inondé de produits musicaux estampillés Bob Dylan. En cinquante-cinq ans de carrière, le barde de Duluth a eu un harmonica signature chez Hohner, et une seule guitare signature, cette sublime SJ-200 chez Gibson. Ce choix est plutôt surprenant, puisque Dylan a joué de très nombreuses guitares au cours de sa carrière, et à l’heure actuelle il joue surtout sur électrique (une Strat notamment), et lorsqu’il joue acoustique c’est plutôt sur une J-45 récente. Jusque dans sa guitare signature, Dylan reste une énigme et c’est tant mieux.
On se souvient de la J-200 qu’il arborait en 1969 sur la pochette de Nashville Skyline et on se dit que quitte à laisser une trace guitaristique dans l’histoire, la grosse jumbo de Gibson était une bonne manière de ne pas faire les choses à moitié.
D’autant plus que face à la guitare en question, il est difficile de trouver à redire. La SJ-200 Bob Dylan est une véritable oeuvre d’art qui allie raffinement et esprit vintage. On y retrouve une table en épicéa Adirondack ornée d’un très beau sunburst à l’ancienne ainsi qu’un corps en érable flammé AAA sublimé par un vernis très léger. La double plaque de protection évoque la Gibson des Everly Brothers, une des références de Dylan, et les repères de touche, à la fois sobres et classieux, sont propres à ce modèle. Enfin, on retrouve le logo mystique à l’oeil couronné sur la tête, un logo qui sert de décor aux performances du chanteur depuis quelques années.
Enfin, cette SJ-200 se veut aussi outil fonctionnel et, en plus d’un superbe son à vide à la fois tranchant, chaud et très équilibré, la performance électro-acoustique est assurée par un L.R. Baggs Anthem. Cet excellent capteur / préampli assure un son branché ultra naturel, très proche du rendu acoustique et aux antipodes de l’agressivité chimique habituelle des piezos. Belle et efficace, finalement Bob Dylan a encore tout compris.
(1941)
Guitare principale : Fender Stratocaster Titre à écouter absolument : Like A Rolling Stone Bob Dylan est plus qu’une légende. C’est un visionnaire, un prophète révolutionnaire qui a pris la musique rock et l’a amenée ailleurs. Avant lui, les paroles de la musique populaire se devaient d’être simplistes et facilement compréhensibles des adolescents.
Après Dylan, il est autorisé de se montrer profond et mystérieux dans l’écriture de ses textes, et une génération de poètes trouvera son salut dans l’hybride de rock et de recherche verbale inventée par Dylan. Le tout pour arriver au Prix Nobel de Littérature en 2017, excusez du peu.
Au cours de sa carrière, Robert Zimmerman (son vrai nom) n’a eu de cesse de se renouveler, passant d’un visage à l’autre au gré de ses inspirations. Il commence comme troubadour folk du Greenwich Village new yorkais avec un premier album éponyme très inspiré par Woody Guthrie en 62, puis The Freewheelin’ l’année suivante, son album folk classique sur lequel on trouve des textes aussi puissants et intemporels que Blowin’ In The Wind, Masters Of War ou A Hard Rain’s A Gonna Fall.
Mais Dylan ne se contente pas d’être le protest singer que tout le monde attend, il n’est pas à l’aise comme porte-étendard et devient alors poète surréaliste en s’entourant d’un groupe de rock électrique avec Mike Bloomfield à la Telecaster. Le classique Highway 61 Revisited sortira en 65, suivi de Blonde On Blonde en 66, l’album de country rock enregistré à Nashville avec des musiciens locaux.
Dylan a connu des dizaines de vies musicales différentes, accompagné de guitaristes exceptionnels (Mick Ronson, Robbie Robertson…). Bob lui-même est loin d’être un mauvais musicien, il a une patte rythmique redoutable qui au fur et à mesure des années s’est exprimée sur des Martin pre-war, des Gibson J-45, J-200 ou L-0, des Telecaster, des Stratocaster, des Yamaha, des Duesenberg ou même des James Trussart. Caméléon jusqu’au bout.