Vendue
En 2005, Billy Gibbons a signé son premier modèle signature chez Gretsch, une guitare au design absolument radical qui ne datait pourtant pas de la veille. En effet, la Gretsch Jupiter Thunderbird était une forme conçue par le légendaire Bo Diddley en 1959.
La marque de Brooklyn ne lui a fait qu’un exemplaire à l’époque, qu’il a ensuite offert à Gibbons. Cette pièce historique est longtemps restée dans les archive du patron de ZZ Top jusqu’à ce qu’il la ressorte pour un enregistrement, et il a donc ensuite proposé à Gretsch de développer un modèle double-signature regroupant deux générations de bluesmen, d’où le nom de Billy Bo, pour Gibbons et Diddley.
La Billy Bo reprend la forme d’origine mais les micros sont des TV Jones Powertron, plus adaptés au son gras moderne préféré par ZZ Top sur scène. Mais avec son goût prononcé pour les hot rod, Gibbons n’allait quand même pas tourner avec une Gretsch standard, et s’est donc mis en tête de modifier cette belle rouge issue des premiers mois de production du modèle. Les micros ont donc été changés pour des Dynasonic, dans un esprit plus vintage que les TV Jones d’origine, et le chevalet comme les boutons ont été remplacés par leur équivalent d’époque, des pièces récupérées sur des Gretsch vintage qui donnent l’impression de jouer sur la Jupiter de Bo Diddley.
Enfin, pour parfaire un tableau déjà très classe, cette Billy Bo a été pinstripée, une modification visuelle dont Gibbons raffole. En plus du lasso qui encercle la table, le dos est orné d’une idole Tiki tirée de la culture polynésienne. Gibbons a tourné avec cette guitare de 2005 à 2009, au moment où les Billy Bo fabriquées par le luthier John Bolin ont finalement remplacé ses Gretsch, avant tout pour une question de poids sur les épaules. Dans l’ampli en revanche, le poids sonore de cette petite rouge est sans appel : gras comme un taco, large comme le Texas.
(1949)
Groupe : ZZ Top
Guitare principale : Gibson Les Paul Standard 1959
Titre à écouter absolument : Just Got Paid
Billy Gibbons est le patron. Le patron des guitaristes avec son vibrato sensuel et le son gras comme un burrito qu’il tire de sa Les Paul. Le patron des chanteurs avec son grain rocailleux et twangy. Le patron des bandleaders avec ZZ Top, son trio dont la formation est restée la même depuis 1969. Le patron des sapeurs, avec un sens de la mise en scène vestimentaire impeccable. Et enfin le patron des collectionneurs, avec plusieurs hangars remplis de plusieurs milliers de guitares qu’il a acquises au fur et à mesure des années. La légende dit qu’il aurait un exemplaire de chaque année de chaque modèle des grandes marques, et il se pourrait bien que ça ne soit pas vraiment une légende… Toujours est-il que les pièces qu’on lui connaît ont de quoi donner le tournis, de “Mistress Pearly Gates”, la fameuse Les Paul 59 qui l’accompagne depuis toujours, à sa Strat 54 hardtail que l’on entend souvent en complément de Pearly Gates, en passant par ses nombreuses guitares customisées façon hotrod.
Sa carrière commence dès 1967 au sein de The Moving Sidewalks, un des quelques groupes de rock psychédélique texan inspirés par les 13th Floor Elevators. Ils font d’ailleurs la première partie de Jimi Hendrix avant de se séparer en 1969, date à laquelle Gibbons fonde ZZ Top.
Le trio commence par le blues rock gras et traditionnel avant d’évoluer vers une direction plus électronique, à commencer par Degüello en 1979. Cette orientation se confirme avec la trilogie Eliminator / Afterburner / Recycler, trois albums où le blues de Gibbons se mélange aux synthétiseurs et boîtes à rythme de l’époque pour un résultat qui a convaincu bon nombre de fans, qu’ils soient venus à la musique de trio par des singles comme Gimme All Your Loving et Rough Boy ou par les excellents clips vidéos du groupe qui passent alors en boucle sur MTV. Depuis, ZZ Top a réinventé sa musique une nouvelle fois avec un son plus gras, plus organique et noyé de fuzz. Gibbons a multiplié les apparences en guest star sur les albums d’autres musiciens, et surtout il a sorti deux albums sous son propre nom, Perfectamundo qui explore la musique cubaine et Big Bad Blues qui revient à ses premières amours, entre Muddy Waters et Bo Biddley. La boucle est bouclée.