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Parmi les très nombreuses guitares jouées sur scène par Joe Bonamassa, celle-ci tire instantanément son épingle du jeu et se repère à des kilomètres. Il s’agit d’une double manche, et contrairement à ce qu’on pourrait attendre d’un fanatique de vintage comme Joe, ce n’est pas une Gibson EDS-1275, mais bien une Music Man réalisée spécialement pour le prodige du blues.
La raison d’être de cette guitare était de jouer la chanson The Ballad Of John Henry, le morceau qui donne son titre à l’album de 2009. En effet, ce titre ayant un gros riff désaccordé en Si, il fallait une guitare baryton au diapason rallongé pour assurer. C’était donc le rôle du manche du haut, le manche du bas étant accordé en standard avec un diapason normal.
Le design s’inspire de la MusicMan signature de Steve Morse dans son design et dans le petit micro simple collé au humbucker chevalet sur les deux manches. On retrouve aussi des traces de l’adoration de Bonamassa pour les Les Paul burst dans le choix de la table érable flammé en deux parties (avec les têtes assorties) ainsi que les humbuckers capotés aux contours crème. Enfin, on retrouve le logo Ball Family Reserve à la douzième case, le signe immanquable que les meilleurs bois ont été utilisés pour réaliser ce monstre.
Joe Bonamassa a fait construire cette guitare en 2009, et l’a amenée dans le monde entier uniquement pour jouer le morceau The Ballad Of John Henry. Un jour, à Saint Petersbourg, une partie de son matos n’est pas arrivée à temps pour le concert et il a donc été obligé de transposer ce morceau en Mi pour le jouer sur une guitare normale. La simplicité de ne pas avoir à déplacer une double manche en permanence a ainsi fini par gagner, et c’est comme ça que Joe a décidé de vendre cette belle pièce qui est venue rejoindre la collection de Matt’s Guitar Shop.
(1977)
Guitare principale : Gibson Les Paul Standard 1959
Titre à écouter absolument : Sloe Gin
Pas facile de s’inventer comme artiste adulte lorsqu’on a été un enfant prodige. Joe a été l’élève de Danny Gatton et le protégé de B.B. King alors qu’il n’était même pas encore en âge de conduire une voiture, et tournait avec le groupe Bloodline (avec d’autres enfants prodiges fils de stars comme Miles Davis ou Robby Krieger) avant de pouvoir voter. Mais tout aurait pu s’arrêter aussi sec, et d’ailleurs les autres membres de Bloodline ont tous disparu dans l’éther du show business. Mais Bonamassa a toujours eu une éthique de travail imparable, et à force de tourner il a fini par imposer son propre son et sa discographie solo.
Tout commence en 2000 avec A New Day Yesterday, un disque de blues tout à fait honnête sur lequel des invités comme Leslie West, Greg Allman et Rick Derringer viennent adouber le jeune musicien. À l’époque, Bonamassa joue sur Strat et Tele et l’influence de Stevie Ray Vaughan est encore audible dans beaucoup de ses phrases. Puis, petit à petit, il trouve sa propre voie lorsqu’il passe sur Les Paul et qu’il combine ses Marshall Silver Jubilee à quelques autres têtes boutique pour un résultat aussi bluesy que gras et organique. C’est aussi l’époque où le producteur Kevin Shirley commence à collaborer avec Bonamassa, une collaboration qui commence avec You & Me (2006) et continue à ce jour. Sloe Gin (2007) et Ballad Of John Henry (2009) sont autant de cartons qui installent la réputation de Joe comme le sauveur du blues, l’avenir d’un style que l’on croyait réservé aux baby boomers à l’aube de la retraite.
Depuis Bonamassa, n’a pas ralenti son rythme de tournée, et redouble d’inventivité pour varier ses spectacles, qu’il s’agisse d’un concert hommage à Muddy Waters et Holwin’ Wolf, d’une tournée hommage aux trois Kings du blues ou au British Blues Boom. Il joue aussi sur les albums de la chanteuse Beth Hart ainsi qu’avec les groupes Black Country Communion (aux côtés du bassiste chanteur Glenn Hughes) et Rock Candy Funk Party. En parallèle, la collectionnite aiguë de celui qui est né dans la guitare (son père tient un magasin) n’a fait que s’aggraver au point qu’il possède une dizaine de bursts, deux V Korina et un nombre ahurissant d’instruments rares. Pour autant, ces guitares ne sont pas stockées à l’abri puisqu’elles partent sur la route avec Joe. Après tout, elles ont été fabriquées pour ça.