Vendue
Les années 80 représentent l’âge d’or de la manufacture de guitare japonaise, et on peut ainsi trouver de véritables trésors datant de cette décennie chez des marques comme Greco, Tokai, Burny et bien sûr Squier. La sous-marque de Fender a lancé sa fameuse série JV en 1982, des répliques plus ou moins fidèles des modèles vintage (JV veut dire Japan Vintage). Ces guitares étaient si bien faîtes (souvent bien meilleures que les Fender US de l’époque) que beaucoup de musiciens s’en sont emparés, malgré leur image de guitares pour débutants dû à leur prix tout à fait raisonnable.
Parmi ces musiciens malins qui ont profité de l’explosion japonaise pour agrandir leur collection, on trouve Dave Murray de Iron Maiden. Murray a toujours été un fan de Strat, et il reste associé à sa 1957 noire qui a servi de base pour son modèle signature. On le voit généralement avec une touche érable (sans doute un choix stratégique pour ressortir dans le mix face aux touches palissandre de Adrian Smith), et cette Stratocaster JV Olympic White à touche érable était donc une de ses guitares spare. Il avait aussi une sunburst deux tons que l’on peut voir sur certaines photos, mais cette blanche est celle qu’il a le plus lourdement modifiée, et on peut donc imaginer celle qui servait le plus souvent en tournée en cas de pépin sur la 57.
Le chevalet type vibrato vintage a été remplacé par un Khaller, le principal concurrent de Floyd Rose dans les années 80, et on retrouve donc un sillet bloque-corde sur la tête de cette Strat. Le micro quant à lui est un humbucker DiMarzio inspiré d’un PAF ‘59 mais avec un nouveau de sortie légèrement supérieur. La plaque de protection ayant été changée, on ne voit pas les trous laissés par les deux micros qui ont été enlevés. On jurerait presque un prototype de modèle signature chez Squier.
(1956)
Groupe : Iron Maiden
Guitare principale : Fender Stratocaster 1957
Titre à écouter absolument : Aces High
Le bassiste Steve Harris est le maître incontesté à bord du groupe ultime de la New Wave of British Heavy Metal, mais Dave Murray est sans aucun doute son général le plus fidèle, puisqu’il est le seul autre musicien à apparaître sur les seize albums du groupe, de Iron Maiden en 1980 à Book of Souls en 2015.
Pourtant, son intégration dans le groupe n’était pas une évidence : après une enfance très pauvre, une adolescence de skinhead violent et la découverte d’Hendrix qui change sa vie, Murray auditionne pour Maiden mais les deux guitaristes déjà en place voient d’un très mauvais oeil l’arrivée de ce véritable prodige. C’est finalement Harris qui décide de remplacer les deux autres par Murray, jusqu’à ce que ce dernier se fasse virer suite à un différend avec le chanteur de l’époque, Dennis Wilcock. Enfin, Wilcock quitte le groupe et Murray est immédiatement réintégré.
Dès lors, chaque album sera un florilège de solos fluides, au legato puissant et lyrique de Murray. Le grand blond ne participe pas beaucoup à l’écriture de morceaux (on lui doit quand même quelques excellents morceaux assez obscurs comme Charlotte the Harlot, Still Life et Déjà Vu), mais son jeu est immédiatement reconnaissable et il fait partie de la définition du son Iron Maiden, au delà même des chanteurs qui se succèdent (Paul Di’Anno, Bruce Dickinson puis Blaze Bayley).
En 2009, Murray a enfin eu droit à sa Fender Stratocaster signature, une beauté noire à deux humbuckers et un single coil très inspirée de sa Strat ‘57 qui a appartenu à Paul Kossoff. En 2015, un deuxième modèle suit, de fabrication mexcaine celui-ci, en finition sunburst avec une touche palissandre, trois humbuckers au format simple et un Floyd Rose. Même si on l’a parfois vu avec une Les Paul, Murray est resté fidèle à la Strat pour la grande majorité de sa carrière. Un génie constant.